Benedict Cumbebatch de télérama
Benedict Cumberbatch
Rien n'est banal chez Benedict Cumberbatch. A commencer par son nom. Ça tient de l'éternuement et d'une recette au concombre, avec un je-ne-sais-quoi de vaguement victorien, façon Dickens. Même les Anglais, au début, ont eu du mal à s'y faire. En tout cas, ceux de la BBC.
En 2010, peu de monde contait sur la série Sherlock, de Steven Moffat et Mark Gatiss.
Trois saisons plus tard, la série, brillante, futée, est un phénomène mondial. Et Benedict Cumberbatch s'est glissé dans les habits du fameux détective comme s'ils avaient été taillés pour lui. Oubliées, les autres incarnations, pourtant presque aussi nombreuses que les poils sur le dos du chien des Baskerville ! Sherlock, c'est lui.
Son étrangeté étincelle, dans ce rôle de surdoué fêlé, abrasif, irrésistible, en parfaite alchimie avec son partenaire Martin Freeman, alias Watson.
Résultat, l'extraterrestre d'hier est devenu star, et même sex-symbol. Notre Benedict joue si bien, comme il dit, les « génies sociopathes vaguement asexués », qu'il est abonné aux grands personnages atypiques : outre Sherlock, il a été Van Gogh et Stephen Hawking (pour la télé), Julian Assange (le créateur controversé de WikiLeaks) dans Le Cinquième Pouvoir…
Il a beau réclamer en riant des « rôles de crétin », il s'est mué en parangon de séduction intello-bizarre : même quand il ne fait que prêter sa voix et ses mouvements (en motion capture) au dragon numérique Smaug – dans le deuxième volet du Hobbit, de Peter Jackson –, il se débrouille pour faire grimper en flèche le QI, voire le sex-appeal, de la bestiole. Car, bien sûr, Hollywood, toujours friand de talents à la sauce british, lui a ouvert tout grand ses studios.
Le pire, c'est que le cinéma et la télé ne suffisent pas à ce bosseur boulimique. Les comédiens Timothy Carlton et Wanda Ventham, ses parents dans la vie (mais aussi dans la série Sherlock), doivent en avoir le tournis : couvert de prix au théâtre (où il a notamment composé un Frankenstein mémorable). Benedict Cumberbatch, l'homme qui, à la fin de ses études, s'est enfermé un an dans un monastère tibétain, n'est au fond pas si différent du Sherlock Holmes rêvé par Conan Doyle : une incongruité géniale, un alien très humain.
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